En ce joli mois de mai, nous vous présentons un thriller danois aussi malin que haletant, aussi captivant que bouleversant. Sensations fortes garanties !

L'agent Asger travaille aux urgences de la police danoise. Répondant aux appels, il tente d’aider les personnes qui se trouvent au bout du fil. Jusqu’au jour où un appel étrange survient, celui d’une femme en détresse, kidnappée et enfermée dans une voiture. La communication est brutalement coupée. Le policier comprend que la vie d'une femme se joue et qu’il est son seul espoir d'être secourue. Alors que le temps passe inexorablement, Asger doit affronter la situation qui s'aggrave à chaque instant...

The Guilty a été lauréat du Prix de la Critique Festival International du Film Policier de Beaune et du Prix du public à Sundance et à Rotterdam en 2018. Des distinctions amplement méritées, tant ce film est surprenant !

Revisitant un genre prisé au cinéma, celui du huis-clos, ou du film téléphoné (Locke, The Call, Phone game notamment), The Guilty va se dérouler entièrement au téléphone. Sans jamais quitter le centre d’appels, confiné dans deux bureaux, Asger va devoir gérer cette affaire compliquée, et le spectateur la vivre uniquement au gré des appels téléphoniques... L'évolution de la situation et la tension naissent uniquement du son. Rien à voir, tout à entendre pendant 1 h 25.

"Les images les plus fortes d’un film sont celles que l’on ne voit pas", a confié à juste titre le réalisateur. Loin d'en réduire la portée, le dispositif mis en place par Gustav Möller exalte les sens et l'attention du spectateur. Avec une dextérité exceptionnelle, un suspense constant, un scénario qui distille lentement ses rebondissements, et grâce à la performance impressionnante de l'acteur Jakob Cedergren, il nous maintient en haleine en temps réel, jusqu'au dénouement.

De même un travail exceptionnel sur le son et les voix entendues à l'autre bout du fil étant les limites spatiales du film en suggérant de manière forte le hors champ. Nous sommes avec Iben dans la voiture, avec sa fille Mathilde dans sa chambre… sans jamais les voir à l'écran.

Laissez-vous happer par ce huis clos oppressant, efficace et captivant. Tant de maîtrise et de puissance narrative dans une mise en scène si épurée, on en sort abasourdi. Du grand art.