Dans Los Angeles des années 1930, en proie à la crise économique, un jeune écrivain sûr de son talent vit une histoire d’amour vache avec une serveuse mexicaine.

Charles Bukowski reconnait John Fante comme celui qui lui a donné le goût de l’écriture : « Un jour j’ai sorti un livre, je l’ai ouvert et c’était ça. Je restai planté un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé l’or à la décharge publique ». Assez mal connu, John Fante s’illustre pourtant par des œuvres délicates où la douleur et l’humour sont finement mêlés dans un style d’une grande simplicité. Gros plan sur Demande à la poussière publié en 1939.

Dans les années 1930, après la Grande crise, Arturo Bandini, fils d’immigrés italiens quitte le Colorado pour Los Angeles. Après avoir publié sa première nouvelle Le petit chien qui riait, lui, Bandini, est persuadé de trouver la gloire car il est, comme il aime le rappeler, le plus grand écrivain de sa génération. Logé dans un hôtel miteux, il connait la faim. Dans un bar il rencontre une serveuse mexicaine, Camilla, et c’est le coup de foudre. Mais entre les deux amants, la passion prend souvent des allures de douche froide. « Je suis retourné me cacher dans l’ombre et je l’ai regardé délivrer le pli.[…] Quand elle s’est mise à le décacheter j’ai fermé les yeux très forts. Quand je les ai rouverts elle était en train de rire en lisant le télégramme. Elle l’a tendu au barman tout pâle, celui qu’on avait ramené chez lui la veille au soir. Lui il l’a lu sans expression aucune.  Alors elle l’a montré à l’autre barman. Lui non plus ça n’avait pas l’air de lui faire plus d’effet que ça. Je leur en étais infiniment reconnaissant à tous les deux. […] mais quand elle est allé le montrer à un groupe d’habitués qui buvaient à une table voisine je ne pouvais y croire. […] leurs éclats de rire flottaient jusqu’à moi de l’autre côté de la rue. J’ai déguerpi en frissonnant ».

Des tronches comme des fleurs arrachées de leurs racines et fourrées dans un joli vase

L’histoire d’amour difficile entre Camilla et Arturo est le cœur de l’histoire, et permet d’avoir un regard sur le Los Angeles des années 1930 peuplé de laissés pour compte. « Je regardais les gueules autour de moi et je savais que la mienne était pareille. Des tronches vidées de leur sang, des mines pincées, soucieuses, paumées. Des tronches comme des fleurs arrachées de leurs racines et fourrées dans un joli vase ».

Une évocation des temps difficiles qui ne manque pas d’humour, telle la lettre qu’Arturo Bandini songe un temps envoyer, à la demande de Camilla pour l’un de ses amis écrivain, afin de l’encourager : « Elle a porté à ma connaissance certains scribouillages dont tu serais soi-disant l’auteur. Qui plus est, elle m’a appris que tu étais mûr pour le Grand Faucheur. Ordinairement, je trouverais ça tragique comme situation. Mais ayant eu le loisir de lire ta bouse de manuscrit je crois pouvoir me faire l’interprète du monde entier en te disant tout de suite que ton trépas arrange tout le monde ».

 

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